Tradition primordiale

La Kedousha ou la Force du Don de soi

Le mot hébreu Kedousha est souvent traduit par Sainteté, mais il renferme de nombreuses autres significations.

La kédousha, c’est donner !

Dans la paracha de Kédoshim, Dieu demande au peuple d’être kadosh car Lui-même est kadosh, c’est-à-dire séparé du monde matériel.

La parasha de la semaine est un exposé d’une division du texte de la Bible hébraïque, et Kedoshim est la 30e section hebdomadaire du cycle annuel qui est lue en avril ou mai. Cette Paracha est celle qui énonce le plus grand nombre de commandements. Elle commence par le devoir d’être « Kédoshim » (saints) tout comme Dieu est Saint.

Cette Paracha donne la liste des commandements qui nous permettent de nous attacher à Dieu et, par là-même, de Lui « ressembler », en quelque sorte. Cette liste mentionne, entre autres, la « Tsédaka » (charité), l’égalité des droits devant les tribunaux, la moralité, l’honnêteté dans les affaires commerciales, le respect des parents, le caractère sacré de la vie. Mais c’est dans Kédoshim que nous retrouvons le verset « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », à propos duquel le grand maître Hillel a dit: « C’est l’essentiel de la Torah, le reste n’est que commentaire ».

Comment pouvons-nous être Saints ?

Nous comprenons que Dieu est kadosh, car il n’est pas un être matériel. Mais comment peut-Il nous demander à nous, être humains, de nous séparer de ce monde ?

En fait, lorsque le Divin demande à l’homme d’être kadosh, Il ne lui demande pas de se séparer du monde matériel au sens de ne pas utiliser ce monde-ci. Il lui demande de se séparer de son égocentrisme.

Par exemple, une personne qui ne pense qu’à elle est matérielle. Alors qu’une personne qui pense aux autres se sépare du monde physique, mais sans s’en détacher totalement. Elle s’en sépare en l’utilisant pour le rendre spirituel. Et cela, en fait, c’est toute la vocation d’un être humain.

Le mot hébreu pour sainteté : קדושה (Kedousha), signifie littéralement « mise à part », réservé pour un usage particulier. D’ailleurs en hébreu « fiançailles » se dit « kiddoushin car les fiancés sont réservés, l’un pour l’autre en vue de mariage.

Dans le sens hébraïque, la kédousha, c’est le fait d’utiliser tout ce qu’il y a dans ce monde pour les autres, pour le Service d’autrui, qui représente la base de l’Alliance avec le Divin.

La Divine Providence nous a donné des talents (de l’intelligence, une capacité à communiquer…) et des moyens financiers. La kédousha consiste à faire profiter les autres de tous ces moyens, au lieu de les garder exclusivement pour nous.

Nous devons être kadosh de même que Dieu est kadosh, car lorsque Dieu a créé le monde, Il l’a fait pour donner aux autres, pour leur prodiguer du bien car tout ce qu’Il fait est pour notre bien même lorsque, au moment où nous traversons une épreuve difficile, nous ne voyons pas encore le bien qu’il y a dedans.

En Hébreu, le mot kédouscha a la même racine que le terme mékoudéshet. Il signifie donc « réserver ». La kédousha, est donc le fait de réserver pour les autres ce que Dieu nous a donné, au lieu de le garder exclusivement pour nous.

C’est par exemple utiliser l’intelligence qu’Il nous a accordée pour donner à autrui un conseil qui l’aidera à devenir meilleur. Or il n’est pas toujours facile de donner. Car parfois, en donnant à une personne une idée qui lui permettra de progresser, on lui donne un moyen de devenir meilleur que nous. Or on n’aime pas toujours être dépassé…

Mais Dieu a créé ce monde sur la base du ‘Hessed. La séphira Hessed est associée à Abraham,  et représente la compréhension du destin de l’homme, c’est-à-dire la compassion et l’Amour. Cette séphira fait partie du Parzouf Zéir Anpin, le petit visage, et correspond aux parties les plus basses de l’âme, Nephesh et Roua’h. Ce sont dont nos instincts les plus primaires qui sont concernés par la mitsva de donner.

La mitsva (la bonne action) de donner implique que nous devons sortir de nous-même.

Les grands maîtres de la Kabbale expliquent que lorsqu’on donne quelque-chose à une personne, une partie de nous se trouve chez elle. Le fait de donner entraîne donc l’agrandissement du moi de celui qui donne.

Lorsqu’on aide une personne à s’élever, lorsqu’on aide une famille dans le besoin, lorsqu’on aide un homme à développer son activité professionnelle, quelle que soit l’aide que nous apportons, nous avons une part dans toutes ces constructions. Ces personnes gardent en elles une part de nous-mêmes. D’où la comparaison avec l’union, les fiançailles. Donner à quelqu’un c’est aussi s’unir à lui.

Par conséquent, même s’il est vrai qu’on peut difficilement sortir de nous-mêmes, lorsqu’on pense que l’autre est une partie de nous-mêmes, qu’il est nous-mêmes en beaucoup plus grand, c’est beaucoup plus facile.

In lakesh : je suis un autre toi.

Ce salut maya renvoie à la conscience de l’Unité et nous rappelle que nous sommes les maillons d’une même chaîne : l’Humanité. Bien que chaque individu ait une évolution qui lui soit propre, que nous le voulions ou non, nous sommes connectés les uns aux autres.

La kédousha, c’est donc réserver toute sa vie pour le Service d’autrui.

Et lorsqu’on agit dans ce but, même ce que l’on fait pour nous-mêmes est considéré comme ayant été fait pour les autres.

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